Vendredi 22 mars 2024, les élèves de 1C et 1E ont participé à une drôle d’expérience ! Alors qu’ils se penchaient sur l’étude de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges, deux comédiens ont interrompu le cours de Français pour installer un atelier « pochoirs », animée par une détenue venue de Belgique. D’abord stupéfaits par la personnalité volcanique de la prisonnière, s’appropriant l’espace de la classe avec ses dessins, ses bombes et ses ciseaux, les élèves ont ensuite écouté son parcours et découvert quels « modèles héroïques » l’ont inspirée dans sa jeunesse : Louise Michel, l’institutrice militante durant la Commune, Andrée de Jongh, une résistante belge durant la Seconde Guerre Mondiale et le boxeur Mohamed Ali. De fil en aiguille, les élèves se sont questionnés sur ce qu’est l’engagement, sur les causes qu’ils seraient prêts à défendre, sur les méthodes efficaces ou douteuses qui peuvent être employées par les influenceurs. Ils se sont interrogés aussi sur la difficulté de trouver le courage et le temps pour s’investir dans des groupes de parole, et la discussion a pris un tour politique : pourquoi voter ? pourquoi s’abstenir ? Quels sont les risques et les conséquences pour soi et les autres ? Ils ont aussi exprimé leur attachement à la famille et aux amis, des valeurs si fortes qu’ils seraient prêts à les défendre si elles étaient attaquées. Si certains ont conscience que le dévouement aux autres est porteur au sens où il rend fier, où il permet de recevoir de l’amour et d’éprouver un sentiment d’utilité, d’autres pensent que l’égoïsme et l’individualisme l’emportent avant tout. Ils avouent que dans un monde où déferlent des tas d’informations et de fake news, faire silence et se détacher est parfois nécessaire pour se préserver et se concentrer sur ses propres objectifs. Le souci d’être accepté par les pairs est si grand que parfois on serait prêt à renier ses valeurs. Autant de réflexions qui ont permis d’ouvrir le débat et de libérer la parole.
Certains ont eu peur, et sont restés silencieux. D’autres ont ri et ont participé au débat. Des points de vue très différents se sont confrontés mais les élèves ont su pratiquer la tolérance tout en approfondissant leurs pensées par des exemples concrets. Le professeur et les acteurs ont recueilli, avec respect et bienveillance, toutes les paroles d’élèves qui ont surgi. Ce fut un moment de classe particulier, mais très riche, qui leur a permis de découvrir « le théâtre invisible », mis au point par le dramaturge brésilien Augusto Boal dans les années 1970. Et on ne doute pas que les « petites graines de réflexion » qui ont été apportées continueront de pousser.
Mme DUBOIS M., professeure de Français