La danse est le langage caché de l’âme » Martha Graham
Quand le cinquième art rencontre le septième art, cela donne : « Silence, ça danse », un spectacle de haute volée, portée par la troupe endiablée de Mme Bodart !
La scène se transforme en plateau-télévisé. Une élégante jeune fille présente la liste des films qui seront dansés : Petit paysan, Rafiki, Elephant man, Nos étoiles contraires,… Ce soir, les danseuses sont sur leur 31 : en robes moulantes et talons hauts, elles défilent sur le tapis rouge, et saluent le public d’un sourire ou d’un signe de la main. Pour détendre l’atmosphère, une bimbo, accro aux réseaux sociaux, fait des commentaires à tout-va.
Le spectacle commence par une ode à la sensualité. Telle une liane, une jeune fille se contorsionne autour d’une barre de Pole Dance. Instant de rêve. Puis, la voix délicate de Xaverie nous emmène vers nos gouffres intimes. Les paroles d’Yseult résonnent : « J’ai perdu la tête. Où est le chemin de ma maison ? Quoiqu’il advienne, je retrouverai les clés d’la raison ». Le corps dit l’angoisse et les souffrances mentales de l’adolescence.
Puis surgit un paysan en colère : ses vaches tombent malades. Il doit abattre le troupeau entier. Inspirée par le film d’Hubert Charuel, Mme Bodart s’empare de la question de la souffrance au travail, tout en mêlant le théâtre et la danse. Elle interroge aussi le rapport au groupe : ses élèves de seconde miment la force de l’inclusion comme la violence du rejet. Que faire quand la société se gangrène et qu’il faut éliminer un bouc-émissaire ?
La magie du film Rafiki nous transporte au Kenya. Montées sur des chaises, des danseuses se servent des verres. Joie de la camaraderie.
Puis, la scène se transforme en terrain de jeu. En shorts et T-shirts colorés, les danseuses tapent du pied. Ça cogne ferme. La danse est dans la rue.
La chorégraphie finale des secondes nous offre un beau moment de méditation. Les corps s’alignent et s’harmonisent, le mouvement se décline en battements réguliers. Les filles sont portées par un même souffle. Toutes vêtues de beige, leurs peaux ne font qu’un même corps. Une grande douceur nous envahit devant ce ballet de la vie.
Quant au groupe de l’UNSS, il nous a fait voyager dans les terres brumeuses du grand Nord, au temps des Vikings. Couvertes de peaux de bête, munies de lances et de boucliers, des femmes sauvages envahissent la salle et surprennent le public. Sur scène, un drakkar s’avance et libère une horde de déesses au regard fier, à la démarche assurée. Ces combattantes farouches ont réveillé notre âme sauvage, nous rappelant que la danse est un feu, un art martial, un formidable pouvoir de maîtrise et d’expression de soi.
Texte écrit par Marie Dubois.